L’enjeu local et régional
Le choix de Tunis, où s’était déjà tenu le précédent FSM en 2013, révèle un objectif prioritaire : continuer à renforcer les mouvements sociaux tunisiens et plus largement des pays du Maghreb, du Machrek et du monde méditerranéen engagés activement dans l’immense mouvement du "printemps arabe" et des "indignés" qui lui font écho. Ces mouvements se déploient depuis 2011 dans l’ensemble du monde arabe et méditerranéen pour conquérir plus de libertés, de justice sociale et surtout de "dignité". Même s’ils marquent des points dans certains pays comme en Tunisie ou en Grèce en matière de libertés publiques et de respect humain, ils sont encore loin d’atteindre leurs objectifs car ils sont confrontés à des forces rétrogrades et puissantes : de la Syrie à la Libye, en passant par l’Iraq, la violence extrême s’est renforcée, des groupes extrémistes veulent imposer un projet de société que les peuples refusent, les États sont accrochés à la corruption et au clientélisme, et surtout les interventions directes des États-Unis, de l’Europe, de la Turquie et des pays du Golfe se sont multipliées, et les criminels "djihadistes" qu’ils ont voulu manipuler se développent aujourd’hui hors de leur contrôle.
Convergence des luttes sociales
La plupart des luttes qui vont
converger et s’exprimer à Tunis viennent de loin. Celles de "La
marche des femmes" par exemple, qui vont célébrer à Tunis les
conquêtes arrachées par les Tunisiennes dans leur nouvelle
constitution et les élargir dans toute la région. Également celles
des migrants, qui organisent des cortèges et caravanes depuis le
nord de l’Europe et l’Afrique subsaharienne pour se rencontrer au
FSM et dénoncer les crimes dont ils sont victimes. Les paysans de
Via Campesina venus de tous les continents dénonceront aussi à Tunis
l’accaparement de leurs terres par les industries extractives et par
les firmes multinationales de l’agro-business.
Soulignons un enjeu proche de nous : le réseau RITIMO, dont le CIIP
fait partie, jouera un rôle pilote au sein du FSM à Tunis pour
aboutir à l’adoption d’une "charte mondiale des médias libres" qui
puisse promouvoir pour tous un accès libre à l’information et à la
connaissance. Un moyen clé de mobiliser le maximum de forces pour la
liberté, la justice et le respect de la dignité humaine.
Convergence des crises et insurrections populaires
La crise climatique et plus largement écologique s’accélère partout et selon l’ONU elle fait des centaines de milliers de victimes chaque année. Le FSM de Tunis montrera comment les responsables de cette crise sont les mêmes que ceux d’une autre crise en aggravation : celle qui ébranle le système du capitalisme financier mondialisé en entraînant les peuples dans le chaos économique et social des mouvements de capitaux privés dérégulés et d’une spéculation financière hors de tout contrôle. Seules des insurrections populaires démocratiques semblent en mesure de maîtriser ces crises convergentes et le FSM est le lieu privilégié pour les faire croître et cibler les défis qu’elles doivent affronter.