L’éducation dont nous avons besoin pour le monde que nous voulons

L’éducation dont nous avons besoin

pour le monde que nous voulons

Communiqué de presse sur le document final adopté

lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable

Groupe de travail Éducation à Rio +20

Rio de Janeiro, le 22 juin 2012

Les réseaux internationaux et régionaux de la société civile qui composent le Groupe de travail Éducation dans le cadre de la Conférence des Nations Unies pour le développement durable, Rio + 20, expriment, par la présente, leur profonde préoccupation devant les engagements minimaux de la déclaration officielle concernant l’éducation.
1. Nous accueillons avec satisfaction la promesse et l’engagement de poursuivre la campagne de l’éducation pour le développement durable (EDD), au-delà de la décennie établie par les Nations Unies, d’y inclure un programme de dix ans sur l’éducation à la consommation et la production durables et d’assurer le renforcement des capacités. Néanmoins, nous considérons que ces engagements sont trop timides et en deçà de ceux adoptés auparavant sur les droits humains à l’éducation, tel qu’exprimés dans les conventions internationales sur les droits et dans d’autres déclarations internationales sur l’éducation des jeunes et des adultes (p. ex CONFINTEA V et VI, EPT, OMD).


2. Bien que le document mentionne la nécessité de réaffirmer les engagements pour une éducation primaire universelle de qualité et une éducation de qualité à tous les niveaux (paragraphe 229), il ne parvient pas à reconnaître que l’accès universel à une éducation gratuite au niveau secondaire et postsecondaire est partie intégrante des droits humains pour toutes et tous. De plus, il ne parvient pas non plus à reconnaître le besoin de l’apprentissage tout au long de la vie, incluant l’éducation formelle, non formelle et informelle à tous les niveaux, si les gens sont appelés à jouer pleinement leur rôle pour garantir le développement durable.
3. Bien que le document souligne l’importance de « l’éducation de qualité à tous les niveaux » (paragraphe 229), il ne prévoit pas d’actions concrètes et ne réitère pas la responsabilité de l’État pour surmonter toutes les formes de discriminations, reproduisant ainsi les lacunes selon le sexe, la race, l’origine ethnique, l’âge, le territoire.
4. Le document mentionne l’importance des programmes d’éducation non formelle pour le développement durable, mais ceux-ci ne sont définis que pour les jeunes, sans s’étendre dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie (paragraphe 231).

5. De même, il est nécessaire d’interroger le contenu de l’éducation pour le développement durable. Il ne peut pas se concentrer exclusivement sur des stratégies pour comprendre, accepter et s’adapter aux changements environnementaux. Il doit être holistique, interdisciplinaire et inclure les dimensions clés du développement durable (économique, social, environnemental et culturel). Il devrait viser la responsabilisation des citoyennes et des citoyens qui sont conscients de leurs droits et sont en mesure d’agir pour transformer les modes de production, de consommation et de distribution de l’actuel modèle de développement. En plus de « promouvoir la conscience environnementale » (paragraphe 231), l’éducation doit être orientée vers la mobilisation citoyenne et la construction d’une alternative de développement, basée sur la justice sociale et environnementale.
6. Nous prenons acte de l’engagement exprimé par les gouvernements pour promouvoir la recherche et l’innovation pour le développement durable, en s’engageant au transfert d’informations et de connaissances, y compris au niveau de la formation en milieu de travail et de l’apprentissage tout au long de la vie (paragraphe 235), et en développant des programmes éducatifs pour former des étudiantes et des étudiants à des carrières liées au développement durable (p.230). Cependant, l’éducation et la recherche ne doivent pas être exclusivement conçues pour répondre aux besoins des marchés et aux exigences de vielles et nouvelles industries « vertes ». Elles devraient se concentrer sur la participation inclusive des communautés ; elles devraient être interculturelles et promouvoir la redistribution sociale de la connaissance et du pouvoir, en prenant en compte le sexe, la race, l’origine ethnique, l’âge, l’orientation sexuelle, entre autres.
7. Le droit humain à l’éducation doit être garanti par tous les États. L’entente sur le transfert de responsabilités à des tierces parties (établissements d’enseignement, communautés, familles, secteur privé, etc.) pour qu’elles adoptent des pratiques de gestion durable et les intègrent dans leurs programmes et leurs systèmes d’éducation, supprime certains leviers nécessaires aux États pour garantir ce droit et risque d’intensifier la crise actuelle de l’éducation.
8. Nous déplorons la vision instrumentale de l’éducation et de la connaissance, orientée sur le développement durable et l’employabilité, définis à travers l’économie verte par le modèle capitaliste. Nous nous proposons de retrouver le sens éthique et politique de l’éducation, pour le renforcement de la démocratie et pour la transformation socio-économique afin d’assurer une vie décente pour tous les individus.
De manière plus générale, nous croyons que l’approche du document officiel approfondit le modèle existant de développement basé sur la privatisation, le profit et l’accumulation du capital, sans référence à la nécessité de réévaluer les pratiques de prédation et d’extraction, qui ont conduit à la répartition inégale des richesses et à la destruction de la planète.
Nous sommes préoccupés par le maintien dans le document de l’ambiguïté concernant le concept d’économie verte et par le risque que présente la marchandisation de la nature et du bien commun (eau, terre, air, etc), comme solution viable à la crise environnementale.
Nous rejetons le concept d’économie verte qui a pour effet de simplifier la notion de développement durable, au seul pilier économique, en maintenant la centralité du marché capitaliste, en court-circuitant la compréhension de la complexité des crises actuelles et en augmentant la puissance du secteur privé et des multinationales.
Nous réaffirmons que la véritable construction du monde que nous voulons demande la réalisation intégrale des droits humains. Par conséquent, nous exhortons les États à travailler de manière conjointe avec la société civile, pour réaffirmer un engagement plus important pour la justice sociale et environnementale, dans laquelle toutes les femmes et tous les hommes peuvent vivre leur plein potentiel.

  • Conseil international pour l’éducation des adultes (CIÉA)
  • Forum mondial Éducation (FME – World Education Forum)
  • Campagne latino-américaine pour le droit à l’éducation (CLADE)
  • Conseil latino-américain pour l’éducation des adultes (CEAAL)
  • Parcours en éducation environnementale pour des sociétés durables et une responsabilité globale (Journey of Environmental Education for Sustainable Societies and Global Responsibility)
  • Faculté latino-américaine des sciences sociales (FLACSO)
  • Internationale de l’Éducation (IÉ)
  • Réseau d’éducation populaire des femmes de l’Amérique latine et des Caraïbes (REPEM)
  • Victoria Thoresen, Partenariat pour l’éducation et la recherche concernant un mode de vie responsable (Partnership for Education and Research about Responsible Living – PERL), Norvège
  • Yoshihiro Natori, Conseil japonais de la Décennie des Nations Unies sur le développement durable, Japon
  • Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA), Québec.
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